• Les dernières guerres indiennes

    Les dernières guerres indiennes

    Les guerres indiennes auparavant très localisées devinrent une affaire plus sérieuse avec l'arrivée du cheval vers 1725. Cet animal eut un impact important sur le mode de vie des indiens. Le cheval pouvait servir de monnaie d'échange et permettait d' acquérir et de transporter de nouveaux biens. Voler les chevaux des autres tribus devint une sorte de sport national chez les indiens. Raids et contre-raids devinrent incessants du milieu du 18eme siècle jusqu'à la fin du 19eme siècle. Dans l'ouest canadien, les tribus ennemies étaient d'un côte la nation Blackfoot (constituée des tribus Peigans, Bloods et Blackfoot du Nord) et de l'autre les Crees, les Gros-Ventres, les Crows et les Assiniboines. Pour faciliter la compréhension de la bataille, nous nommerons les différentes tribus par leur appartenance respective; d'un côte les Crees, de l'autre les Blackfoot.

    La première des batailles impliqua les indiens Gros-Ventres avec à leur tête le chef Sits-Like-A-Woman. Une bande de Gros-Ventres campèrent près du fleuve Missouri a proximité l' embouchure de la Milk River. Ils voulaient en découdre avec les Blackfoot, les guerriers Gros-Ventres décidèrent donc de les attaquer. Leur chef recruta à cette occasion des guerriers Crows, eux-aussi ennemis des Blackfoot. Des centaines de braves se rassemblèrent pour remonter la Milk River jusqu'au camp des Blackfoot (Peigans).
    Tribu indienne et brave a cheval
    Les éclaireurs Gros Ventres commirent cependant une grande erreur, ils virent quelques tipis le long de la rivière. Pensant qu'il s'agissait là de la tribu au complet, ils attaquèrent sans savoir qu'ils y avait des centaines d'autres tipis juste un peu plus loin. Cette négligence fut une grossière erreur, les Crees furent très vite submergés par les Blackfoot et Peigans et durent battre en retraite. A peu près a la même époque, il y eu d'autres engagements entre ces tribus, bien que moins grands, ils n'en furent pas moins meurtriers. En 1874 par exemple, dans l'Ouest des Monts Sweetgrass, une délégation canadienne chargée d' établir les frontières avec les USA, trouva les corps de 20 indiens Crow qui avaient été tués, scalpés et mutilés par les Blackfoot.
    Pendant l' hiver 1866, les indiens Blackfoot(Peigans) avaient installé un camp le long de la Milk River (aujourd'hui a la frontière entre le Montana et l'Alberta). Ils avaient tué beaucoup de bisons, élans et antilopes et ramassé des baies en abondance pendant l' été. Ils avaient donc des bonnes réserves de nourriture et de vêtements en peau en prévision de l' hiver.
    Campement de tipis indiens
    Cette période d' abondance prit cependant fin 1869 avec l'arrivée de la variole. Celle-ci faisait des ravages parmi eux. C'est vers le milieu d' octobre 1870 que les Crees, persuadés que leurs ennemis Blackfoot devaient être considérablement affaiblis par la maladie, décidèrent d' organiser une expédition de guerre pour les battre une fois pour toute. Cette bataille, la dernière grande guerre indienne des grandes plaines de l'Ouest, eu lieu là où se trouve la ville de Lethbridge aujourd'hui. A cette époque, un groupe de Crees, Saulteaux et Young Dogs, venus des monts Touchwood et de guerriers Assiniboines venus de Wood Mountain, se rassemblèrent à Red Orche Hills (actuellement les Vermillions Hills au Sud du fleuve Saskatchewan). Il y avait là entre 600 à 800 guerriers. Les Crees étaient près à attaquer. Les Blackfoot (Blood) avaient installé leur tipis le long de la Belly River (maintenant Oldman River) près de Lethbridge. C'est un endroit favorable, la rivière y a creuse un lit profond au cours des millénaires. L' endroit ressemble à un vallon aux rives abruptes (voir photo). Cette vallée protégeait les tipis des vents froids du nord, il y pousse aussi des arbres, donc du bois pour le feu.
    Fort au Canada
    Fort Whoop-Up, lieu de la bataille
    Big Bear, Piepot, Little Mountain et Little Pine étaient les chefs Crees et Assiniboines. Big Leg, Black Eagle, Heavy Shield, Crow Eagle, Bull Back Fat et Button Chief étaient les chefs Blackfoot (Peigans du sud, Peigans du nord, Bloods). Les Blackfoot étaient bien armes avec des fusils à répétition, des cartouches et des revolvers alors que les Crees et les Assiniboines n'avaient que des vieux mousquets de la compagnie de la Baie d'Hudson, des arcs et des flèches. Un groupe de jeune Cree plutôt inexpérimentés dans les ruses de la guerre furent envoyés en reconnaissance pour voir ou en était la situation avec les Blackfoot.
    Ils découvrirent un petit village de tipis près de fort Whoop-Up (actuellement Lethbridge) sur les rives la Belly River. Négligeant de pousser plus loin leur mission, ils crurent qu'il s'agissait là de toutes les forces des Blackfoot, ils firent donc leur rapport aux chefs et ceux-ci décidèrent d' attaquer. Ce fut une négligence qui coûta la vie à de nombreux guerriers Cree. Dans un premier engagement avec les Blackfoot, les Crees encore supérieurs en nombre tuèrent l'un des frères du chef Red Crow et 2 ou 3 squaws.
    La nouvelle de l' attaque parvint cependant très vite aux autres camps Blackfoot voisins. En quelques minutes des guerriers arriveront en renfort de tous les côtés pour combattre les Crees. D'autres messagers partirent prévenir tous les camps Blackfoot le long de la rivière. Les Crees ignoraient aussi qu'une bande de Blackfoot (des Peigans) était arrivée du Montana quelques temps auparavant (suite au massacre de Baker de janvier 1870), ces indiens s' étaient eux-aussi installés tout près de la, sur les berge de la même Belly River. Il y avait aussi les camps des Blackfoot du Nord.
    La derniere bataille des indiens
    Une vue du lieu de la bataille
    L'aube pointait à peine quand les renforts Blackfoot arrivèrent pour prêter main forte à ceux qui se battaient déjà. Les Crees étaient maintenant très inférieurs en nombre, et la bataille qui semblait gagnée d' avance commençait à prendre une tournure très différente pour ces derniers. Devant le nombre grandissant de leurs adversaires, les Crees durent battre en retraite poursuivis par la nation Blackfoot toute entière.
    Scout indien
    Jerry Potts
    qui participa à la bataille
    Ils prirent pieds au haut d'une rive à un endroit situé à l' embouchure de la rivière Belly et Ste Marie. Ils franchirent ensuite la rivière Ste Marie River et prirent position dans une coulée située entre le fleuve et la prairie qui s' étendaient derrière eux, à perte de vue. Un grand nombre de Blackfoot s' étaient embusqués dans une coulée parallèle à celle des Crees, ils avaient aussi pris positions sur la prairie au nord et à l'ouest. Les Crees étaient maintenant encerclés. La bataille principale semble avoir eu lieu entre ces deux coulées. Elles sont large de 90 à 120 mètres et séparée l'une de l'autre de 9 à 60 mètres suivants les endroits. La bataille y fit rage pendant 4 heures, les guerriers échangeaient de coups de feu, rampant jusqu'au bord de la coulée pour tirer sur quelque ennemi visible. Une tête, une main, un bout de chemise, tout était bon à viser. C'était un concours d' habilité et de ruse pour prendre avantage sur l'autre. Il est impossible d' établir combien de Crees furent tués pendant cet engagement, on estime qu'une douzaine de Blackfoot perdirent la vie et que beaucoup furent blessés.
    Les Blackfoot décidèrent de charger, ils s'en prirent aux Crees qui défendaient l' entrée de la coulée. Ceux-ci n' avaient plus d' autre choix que de tenter de rejoindre la rivière. Ils durent s' engager a découvert dans une descente risquée vers la rivière. Fuyards et les poursuivants s'y ruèrent, les chevaux chutant sur les hommes qui continuaient à se battre; ce fut une vraie boucherie. Les Crees atteignirent finalement la rivière, ils se jetèrent à l'eau telle une masse compacte, alors que les Blackfoot restèrent au bord et tiraient dans le tas. Jerry Potts, un métis qui devint par la suite scout pour la Police Montée canadienne, raconte qu'on pouvait presque tirer les yeux fermés et être sûr tuer un Cree. Le massacre ne s' arrêta pas au fleuve.
    Chef indien
    Les Blackfoot poursuivirent les Crees dans la rivière. Pendant cet engagement, 50 autres Crees furent tués. Il est établit que dans la confusion et l' excitation, quelques Blackfoot furent tués par les leurs (des Crees s' étaient mélangés aux Blackfoot dans leur fuite). Jerry Potts s' aperçut de la manoeuvre des Crees et alerta aussitôt ses compagnons d' armes
    Grand Sachem Finalement, les Crees survivants trouvèrent refuge dans un petit massif d'arbres. A nouveau, les Blackfoot les encerclèrent. Les Crees étaient mal en point, n'ayant plus de munitions pour leurs armes ni de chevaux pour s' enfuir. La bataille prit finalement fin avec le coucher du soleil vers 17h22. Les Crees survivants furent autorisés à partir (à pied et sans chevaux). Il est difficile d' estimer le nombre de pertes des Crees parce que beaucoup furent tués dans la rivière et leurs corps emportés par le courant, mais on peut estimer que 200 à 300 d' entre-eux perdirent la vie dans cette bataille.Il y eu 40 tués et 50 blessés chez les Blackfoot. Ce fut la dernière grande bataille indienne dans les Grandes Plaines de l'Ouest.
    L'année suivante, les Crees envoyèrent du tabac aux Blackfoot et un traité de paix fut signé entre les deux nations. Par la suite, les Blackfoot donnèrent le nom de Assinietomochi à l' endroit de la bataille; ce qui veut dire L' endroit où ils massacrèrent les Crees

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